«La méthode ASVAL permet une importante économie en termes de coût de santé»

Questions au Dr Paul Pittaluga, chirurgien vasculaire français

Dr Paul Pittaluga a inventé la méthode ASVAL, destinée à éradiquer les varices. Il en révèle les dessous en toute connaissance de la situation au Maroc où une femme sur deux en souffre. L’occasion pour lui de s’exprimer sur ses ambitions à l’international.

ALM : Vous avez inventé la méthode ASVAL pour éradiquer les varices. Quelle est la particularité de votre procédé ?
Dr Paul Pittaluga : La méthode ASVAL a pour particularité, par rapport aux autres méthodes de traitement des varices, de préserver la veine saphène en ne retirant que les branches malades sur lesquelles se sont développées les varices. L’immense majorité des autres techniques proposées actuellement aux patients réalise, à l’inverse, la destruction de la veine saphène sur le principe qu’elle provoque les varices sur les branches. Or, on a prouvé depuis presque 20 ans, grâce aux travaux de mon équipe et d’autres équipes, que dans la très grande majorité des cas, l’origine de la maladie variqueuse se situait au niveau des petites branches et n’atteignait la saphène que secondairement.

Ainsi le fait de ne retirer que les branches malades permet à la veine saphène de récupérer un fonctionnement efficace. Préserver la veine saphène est important car il s’agit de la veine principale du drainage superficiel. L’avantage de l’ASVAL est aussi sa mini-invasivité, avec une moindre agressivité sur le plan des suites post-opératoires, puisqu’elle se fait avec une technique très minutieuse, réalisée sous anesthésie locale. Elle n’entraîne peu ou pas d’hématomes, il n’y a pas besoin de porter un bas de contention et il y a une reprise d’activité au quotidien quasi immédiate. D’un point de vue esthétique, les micro incisions réalisées permettent d’avoir un résultat esthétique rapide et très satisfaisant.

Il est prévu que vous déployiez votre méthode à l’international. Qu’en est-il du Maroc et de l’Afrique ? Pourriez-vous nous révéler le processus par lequel vous envisagez de passer ? Et surtout, pour quel coût opérez-vous en clinique ?
Le développement à l’international est déjà en route depuis de nombreuses années, à travers les multiples conférences que mon équipe et moi-même avons données à travers le monde depuis plus de 10 ans. Nous avons publié 52 articles originaux, 32 chapitres de livres et mon équipe et moi-même avons fait près de 600 présentations orales dans des congrès scientifiques majeurs à travers les 5 continents. Il est vrai que l’Afrique est le parent pauvre de ce développement, même si nous avons eu pendant quelques années un partenariat avec la Société égyptienne de phlébologie et nous avons même organisé un congrès (Mediterannean Meeting for Venous Disease) à Alexandrie il y a quelques années. Nous avons d’excellentes relations avec l’Egypt & Africa Vein and Lymph Association (EAVLA) et son président le Docteur Rashad Bishara.

Paradoxalement la France est le pays où la méthode a le plus de mal à se diffuser, pour des raisons de rigidité du système de formation et parce qu’elle n’est pas prise en charge par l’assurance-maladie, ce qui n’incite pas les chirurgiens à l’adopter.
Nous avons enfin dispensé de nombreuses formations au Riviera Vein Academy à Monaco, où était situé notre siège, à travers des stages pratiques que des chirurgiens du monde entier ont suivis. Depuis le lancement d’un institut à Paris en 2021 (le Paris Veine Institut), j’ai le projet d’offrir cette formation dans la capitale française. Concernant le coût d’un traitement, pour une séance opératoire, il se situe autour de 4.000€ tout compris (honoraires du chirurgien, de l’anesthésiste et frais de clinique).

Le Royaume du Maroc pense toujours à l’Afrique. Auriez-vous une offre intéressante pour le continent aussi ?
Au regard de mon expérience depuis 20 ans, selon moi, le développement en Afrique devra passer par les sociétés savantes et l’enseignement dans les conférences. La relation que nous entretenons avec l’EAVLA pourrait être une bonne opportunité de progresser dans ce sens. En revanche, même si la méthode ASVAL est connue par les chirurgiens vasculaires marocains, je n’ai jamais eu de contact avec les autorités et sociétés savantes dans le Royaume.
L’avantage de la méthode ASVAL pour l’Afrique est qu’elle peut être pratiquée sans avoir besoin de matériel coûteux, elle ne nécessite pas d’appareillage particulier, c’est surtout le savoir-faire qui permet de la réaliser. D’où l’importance de la formation pour permettre sa diffusion.
Dans la mesure où elle n’entraîne pas de soins ni d’invalidité postopératoire, elle permet également une importante économie en termes de coût de santé.

Et qu’en est-il des échos que vous recevez de la part de vos patients après intervention chirurgicale ?
Au-delà de voir leur veine saphène conservée, les patients sont très satisfaits des suites opératoires qui ne sont pas invalidantes et qui leur permettent de reprendre les activités quotidiennes immédiatement. Il n’y a en effet que peu ou pas de douleurs (92% ne prennent même pas un comprimé d’antalgique), pas de nécessité de pansement et pas d’arrêt de travail. La douche est possible dès le lendemain, de même que l’absence du port d’un bas de contention, si le patient peut marcher régulièrement dans les jours qui suivent l’intervention. Le résultat esthétique est aussi très apprécié puisque les microcicatrices disparaissent totalement au bout de quelques semaines. Enfin, le protocole de l’intervention, qui permet au patient d’arriver une heure avant et de repartir une heure après, a beaucoup de succès puisqu’il réduit au minimum la durée de l’hospitalisation (3h30 en moyenne). Les taux de satisfaction que nous avions eu l’occasion de recueillir auprès des patients dépassent 95%.

Quels sont vos projets après la méthode ASVAL ? Avez-vous d’autres destinations pour la promouvoir ?
Mon projet est le développement d’une technique qui permettrait de réaliser la méthode ASVAL de manière encore plus simple, grâce à un matériel innovant. Je travaille depuis plusieurs années sur ce projet, appelé Tribaway, à travers une start-up qui a déposé un brevet il y a quelques années. Ce brevet a été délivré en France et en Europe, et récemment aux Etats-Unis.
L’Asie me semble être, avec l’Afrique, un axe très important de développement, le potentiel étant considérable dans les années à venir.

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